Alimentation durable - Alimentation animale et qualité des produits - Technologie alimentaire
JFN2017/1099
Impacts toxicologiques, environnementaux et économiques de l’amélioration de l’adéquation nutritionnelle des régimes individuels par des modifications élémentaires de la consommation de sources protéiques
Marjorie Perrimon1, Erwan De Gavelle* 1, Pascal Leroy2, Caroline Orset3, Louis-George Soler2, François Mariotti1
1UMR PNCA, AgroParisTech, INRA, Université Paris-Saclay, Paris, 2UMR ALISS, INRA, Ivry-sur-Seine, 3UMR Economie publique, AgroParisTech/INRA, Paris, France
Introduction et but de l’étude: Des travaux récents soulignent la moindre durabilité des protéines animales par rapport aux protéines végétales, notamment par leurs impacts potentiels sur l’environnement et la santé. De nombreux travaux étudient la modification des régimes pour optimiser leur durabilité, mais ceux-ci s’éloignent alors souvent fortement des régimes observés. De plus, il existe peu de données sur les conséquences multicritères des modifications des profils protéiques. L’objectif de cette étude est de simuler des modifications élémentaires du profil protéique des régimes individuels, conçues pour améliorer au mieux l’adéquation nutritionnelle, et d’évaluer l’impact de ces modifications sur l’exposition aux contaminants, l’émission de gaz à effets de serre (GES), la mortalité, et les prix des régimes.
Matériel et méthodes: Nous avons simulé des modifications de tailles de portions des aliments protéiques consommés par chacun des 1.678 adultes de l’étude INCA2 (2006-2007). Pour chaque individu, la modification duale (c.-à-d. selon les aliments soit une augmentation soit une diminution de portion) qui augmentait le plus l’adéquation nutritionnelle (le score PANDiet) a été sélectionnée, incluse dans le régime, et la simulation a ainsi été itérée 20 fois, pour simuler une trajectoire d’amélioration nutritionnelle du régime sur la base des choix des sources protéiques. Les répercussions sur l’exposition aux contaminants alimentaires ont été évaluées par croisement avec les données de l’étude EAT2 (2007-2008). Les morts évitées ont été évaluées à partir du modèle PRIME et les émissions de GES à partir de bases de données publiées. Des valeurs monétaires ont enfin été associées à ces critères et les répercussions sur le prix des régimes ont été estimées à partir de la base KANTAR.
Résultats et Analyse statistique : Les modifications individuelles induisent une diminution de l’apport en protéines animales (-4% de l’apport protéique total), expliqué par une diminution de la consommation de viande, charcuterie et œufs, et une augmentation de la consommation de poisson, céréales, légumes et légumineuses. Le PANDiet a augmenté de 5 points en moyenne. Les risques liés aux expositions aux contaminants n’ont pas évolué significativement. Les émissions de GES liées à l’alimentation ont diminué de 3 à 4%. Selon nos estimations, la mise en place de ces modifications dans la population française éviterait 2500 morts prématurées (avant 75 ans), sans induire d’augmentation de la dépense alimentaire.
Conclusion: Ces modélisations prospectives indiquent que des modifications des profils protéiques individuels, ne s’éloignant que peu des régimes initiaux en augmentant de 4% la part de protéines végétales, permettent une augmentation significative de l’adéquation nutritionnelle, entrainant une baisse de la mortalité et une diminution des émissions de GES. Les bénéfices associés à ces paramètres sont importants.
Conflits d’intérêts: Aucun conflit à déclarer